•
Tout d'abord... Répondre à une demande très
précise : comme souvent au départ d'un projet
il y a tantôt l'envie, tantôt le besoin de quelque
chose qui n'existe pas. Ici, il me fallait étudier
une série d'instruments adaptés à une
utilisation studio avec une partie amovible sous les cordes
permettant de changer les configurations de micros en fonction
des besoins préconisés par les différentes
séances d'enregistrement. Pour commencer une basse
quatre cordes frettée puis une fretless, puis plus
tard, si l'expérience s'avère concluante...
une guitare ! Tels étaient les desiderata du commanditaire...
• Ensuite... Très vite s'est posée la
question d'une éventuelle cinq cordes : certains modules
ne pourraient-ils pas être compatibles 4 et 5 ? Dans
l'affirmative cela pourrait à la fois limiter le nombre
de modules et optimiser leur emploi, car un micro doté
d'aimants à lames offre un champ magnétique
continu qui se joue du nombre de cordes dès lors que
sa largeur est suffisante. Alors 4 ou 5 cordes, après
tout, qui peut le plus peut le moins !...
• Et l'électronique au fait... Question à
ne pas négliger car le but du jeu est quand même
l'emploi de tous types de micros, vintages, modernes, simples
bobinages ou humbuckers, en passif mais également en
actif ! Le schéma interne de la basse doit donc offrir
la possibilité de splitter un humbucker, de le configurer
en série ou en parallèle, et l'instant d'après
que ce switch se trouve inhibé sans aucune intervention
supplémentaire que le seul changement du module...
• Et puis tant qu'à faire... De mon côté,
partant d'un cahier des charges déjà bien rempli,
j'ai décidé d'aller encore au-delà en
imaginant des modules extractibles par le dos de l'instrument,
évitant ainsi tout démontage des cordes et,
par conséquent, tout risque de déréglage
de l'instrument. Grâce à l'insertion de renforts
en carbone minimisant les éventuelles déformations
dues à l'ablation importante de matière au centre
du corps, le changement de micros est désormais possible
en moins d'une minute !
• Enfin... Quitte à se prendre au jeu, il a été
envisagé l'éventualité d'un emploi sur
scène : l'instrument se doit donc d'arborer une certaine
esthétique... et surtout une esthétique certaine
! Hors de question d'exhiber un de ces prototypes aux allures
de Frankenstein !
Ainsi est née la "Session Bass" : Instrument
de luthier ? Dans un sens oui, car pour moi Luthier signifie
non seulement satisfaire des exigences, répondre à
des souhaits, mais aussi savoir regarder au-delà d'une
demande jusqu'à y entrevoir le moyen de rendre la réalité
encore plus belle que le rêve.