J'ai
commencé par là... les études techniques et le dessin industriel
et je n'ai rien changé depuis. Il y a une manière de faire
les choses, de les concevoir : la méthode. Certes, je fais
parfois appel à mes expériences de musicien, mais seulement
pour valider des points précis, après le travail
du technicien. Qu'est-ce qu'un bon outil de travail s'il n'est
ni fiable, ni durable ? Connait-on vraiment les conditions d'un
transport aérien en soute ?... Ma liberté de création
s'est forgée au cours d'années passées à
remettre en question tout ce qui m'était présenté
comme autant de "certitudes". Parfois un projet dépasse
nos seules compétences et le recours à la sous-traitance
apparait comme un élargissement de nos horizons. Mais l'industrie
comprend le language de l'industrie, alors pour que mes exigences
soient comprises par ceux en qui je devrai placer ma confiance,
la première part de mon travail est souvent d'interfacer
deux mondes : celui de l'art et celui de la façon. Pour
qu'un instrument vous offre le meilleur... et pour longtemps,
il ne suffit pas d'y mettre que de la passion. Je vous propose
ici un petit voyage chronologique via quelques dates-clés autour
desquelles s'est bâtie la qualité de mes réalisations...
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1986
- Encore élève en 2ème année
de B.T.S. Electronique à Angoulême, j'en profite
à mes heures perdues pour étudier et construire
ma première tête d'ampli basse. Basée principalement
sur l'architecture des modèles Acoustic 330 alors utilisés
par Jaco Pastorius, elle offrira deux canaux, un égaliseur
graphique et developpera 200Wrms sous 4 ohms. Je l'utiliserai
quelques années durant jusqu'à l'avènement
de la technologie MOSFET dans le domaine de l'amplification basse,
et son remplacement par un combo Trace Elliot en 1988.
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1988
- Premier correcteur de tonalité 2 bandes embarqué
: Avant l'avènement de la Music Man StingRay
en 1975, l'emploi des électroniques embarquées
était jusque là réservé à
quelques instruments d'exception. Les années 80 virent
enfin l'essor de quelques fabricants indépendants qui
commençaient à proposer des produits grand public
(Bartolini, EMG, MEC...). Outre les prix encore prohibitifs
pour l'époque, je n'arrivais cependant pas à trouver
un produit satisfaisant mes exigences. Partant de notes d'applications
fournies par les grands fabricants de circuits intégrés,
je décidai de développer mon propre circuit. Celui-ci
sera très vite amélioré par l'adjonction
d'un étage tampon reposant sur l'emploi de circuits intégrés
à architecture FET-MOS, lui offrant la compatibilité
totale avec tous types de micros, passifs comme actifs...
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1989
- Premier assemblage d'un micro humbucker "Double Jazz Bass"
! : Parce ce que l'on recherche n'existe pas toujours...
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ou pas encore ! Un peu lassé de devoir choisir entre
le médium riche du micros PB mais son manque de définition
dans l'aigu, le bas médium du JB mais son maque de puissance
dans l'extrême grave, la rondeur du StingRay mais ses
aigus trop compressés, je décide de repenser les
micros de mon instrument du moment, une réplique de la
fameuse Status-II, basse dont l'original était équipé
de micros humbuckers produits pas ses soins. N'ayant que peu
d'offre j'entreprends de coller ensemble deux micros Jazz Bass
standards, mais pour un premier résultat assez moyen.
Je me rapproche finalement du fabricant bordelais MC2 (le seul
à ne pas m'avoir considéré à l'époque
comme un "extra-terrestre"...), pour lui faire réaliser
un véritable micro "humbucker
double Jazz Bass".
Ainsi je pouvais enfin utiliser au gré de mes besoins
le son le plus adapté par une simple action sur un micro
switch. Par la suite la majorité de mes fabrications
en furent équipées en standard. Aujourd'hui proposé
par la majorité des fabricants ou équipementiers,
sous l'appelation "Twin Jazz Bass", il semble finalement
s'imposer comme un standard quasi incontournable.
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Double
Jazz Bass et premier préampli "on-board" 2 bandes. |
1989
- 1990 : Cette fin d'année 1989, verra aussi
naître la basse Africa (Africa-I) et la guitare Custom-I
"Pretty Woman", puis courant 1990 la création
de la basse Africa-II en version "Long
Scale" et "Tenor" (qui ne seront réalisées
en prototypes que, respectivement, en 1997 et 1998).
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1991
- Premier préampli-correcteur 3 bandes "stéréo"
: Toujours plus ? Oui sans doute, mais je recevais
aussi, à cette époque, des demandes à chaque fois plus complexes,
un peu comme si le fait de proposer des réalisations
sur-mesure ouvrait tant de nouveaux horizons que l'on se surprenait
à avoir besoin de d'une nouvelle fonction, d'un nouvel
accessoire, par le seul fait qu'il devenait soudain atteignable...
Cela dit faire exister ce qui n'est pas restera toujours pour
moi un loisir enivrant.
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Préampli
"on-board" 3 bandes stéréo (par micro). |
1991
- 1999 : Salarié dans un atelier de lutherie,
je continue dans mes instants perdus ce processus de recherche
et d'évolution, qui m'offre un espace de liberté
préservée malgré le quotidien d'une petite
entreprise qui se débattait dans les réalités
d'un environnement économique parfois rude. Courant novembre
1998, après une étude de marché basée
sur les chiffres des importations d'instruments à cordes,
je rédige un rapport pointant du doigt des risques potentiels
de convoitise des grandes marques sur le créneau de la
lutherie artisanale (Custom Shop...), ainsi que la nécessité
de développer des services de réparation en réseaux
et au sein-même des magasins de musique. Ne trouvant que
peut d'échos auprès de la profession, il sera
cependant utilisé par plusieurs C.C.I. pour l'architecture
originale de son étude de marché.
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1999
- 2004 : Création d'une base de données pour la
gestion d'ateliers de lutherie, étude de marché
globale :
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Après mon départ de la lutherie et ma décision
de réintégrer l'industrie en 1999, j'ai l'opportunité
de me replonger dans le monde de la Conception Assistée
par Ordinateur (CAO), et surtout de la gestion de production
informatisée (GPAO). Bénéficiant de plusieurs
stages et sessions de formation je mets à profit ces
acquis providentiels pour entreprendre le grand chantier de
programmation d'une base données destinée à
gérer facilement le quotidien d'un petit atelier de
lutherie : gestion de fichier clients, suivi de maintenance
d'instruments, tableaux de commandes fournisseurs... etc.
Ce projet m'occupera plusieurs années, jusque à
fin 2004 où je décide de revenir peu à
peu à la lutherie, d'abord par l'enseignement... sans
doute le chainon manquant à mon parcours.
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2006
- Réédition de la baryton "Bass VI"
: Alors que mon entreprise Atelkof Lutherie vient juste
d'être créée (en octobre 2005), je reçois
une demande émanant d'un collectionneur désireux
de se faire réaliser plusieurs répliques très
fidèles d'un des ses exemplaires les plus rares, mais
aussi très prisé : une Fender® Bass VI de 1975.
Une fois extirpé d'un véritable dédalle de contradictions
entre collectionneurs, et autres prétendus "connaisseurs"
souvent autoproclamés, il aura fallu encore
près de deux années d'un travail documentaire acharné
pour recencer tous les processus employés à l'époque,
pour enfin reproduire et fabriquer toutes les pièces d'accastillage de cet instrument
dans leurs moindres détails,
et finalement lui redonner vie. Ces répliques rencontreront
un franc succès auprès des passionnés
de cet instrument au son si particulier, mais n'ayant pas les moyens de débourser
les sommes absolument déraisonnables atteintes par la cote des
exemplaires d'origine.
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2008
- Création du modèle "Stage Bass" et
introduction du correcteur 3 bandes à médium débrayable
: Une basse polyvalente sans pour autant prétendre
jouer les "Couteaux Suisses" et pas trop lourde en
cas d'utilisation prolongée...
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Une demande récurrente chez les bassistes de bal et
autres sidemen. Souvent injustement décrié,
le bal est une discipline exigeante : Le son doit y être
fidèle à l'original, le répertoire y
est extrêmement vaste et hétéroclite,
et la durée de représentation peut atteindre
six à huit heures ! Peu de place donc pour une conception
à la légère... Petite anecdote : suite
à une erreur de livraison sur toute une commande de
micros Delano, arrivés en blanc immaculé, il
me fallut in extrémis leur assortir une couleur afin
de sortir le modèle dans les délais prévus.
Au final ce bleu dégradé fut plébiscité
et réclamé sur la majorité des basses
Stage alors en commande, et même les suivantes !
Un nouveau synoptique pour le préampli :
Parallèlement il fallait aussi un préamp adapté,
or un 2 bandes ne sonne pas comme un 3 bandes. De fait, le
synoptique de l'électronique a donc été
entièrement repensé afin d'offrir un vrai deux
bandes sur lequel vient se greffer le registre medium uniquement
si besoin. En prime, cette architecture interne lui ouvre
des possibilités de modularité très étendues...
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2009
- Création du modèle de guitare "Liberty"
: Sur mes posters de gamin, le bassiste avait souvent
"une guitare avec des grosses cordes", enfin c'est comme
cela qu'on me les commnetait... même
si dans la chronologie des choses, c'est bel et bien le manque
total d'équlibrage des premières Fender®
Precision Bass (alors avec un corps de forme Telecaster), qui
invita Leo à alonger la corne supérieure d'où
décioula un des contours les plus célèbre
de toute l'histoire de la guitare électrique : la Fender®
Startocaster.
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Et bien ici c'est un peu pareil. A force d'entendre des guitaristes
crier à l'injustice devant la Stage Bass, il a bien fallu
rétablir l'équilibre. Le modèle Liberty
aura vu le jour l'année suivante. D'un gabarit intermédiaire,
la légèreté de son corps évidé
lui offre la possibilité de restituer des notes pleines
et précises à très bas niveau, Jazzy façon
demi-caisse, tandis que la densité des variétés
de bois utilisées lui permettent de passer toute la puissance
des ses micros doubles, façon Les Paul mais sans crainte
de larsen, fréquent point faible des "hollow-bodies".
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2011
- Première étude de design et présentation
de la "Twist" : J'ai découvert l'univers
du rock dans le courant des années 70 en Afrique par le
biais de mon frère aîné. Sa discothèque
à longtemps été mon refuge, jusqu'à
notre séparation en 1974, date à laquelle il dû
rentrer en France pour y poursuivre ses études supérieures.
Depuis, malgré des parcours de vie fort différents,
notre passion pour la musique, et la guitare en particulier, a
toujours constitué un pont au-delà de l'éloignement.
Pour la Twist, j'ai dû partir pour la première fois
de croquis et d'esquisses qui n'étaient pas de mon fait.
Certes c'est un exercice très intéressant, mais
aussi très délicat dès lors qu'on a plutôt
l'habitude de se retirer, voire de se reclure, dans son bureau
pour toute phase de création. Comprendre et voir ce qu'un
tiers vous suggère et qu'il ne peut mettre en forme lui-même...
Quelle merveilleuse aventure !
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2012
- Mise en place de la D.A.O. / C.A.O. : Parce qu'il
faut aussi vivre et évoluer avec son temps ! Comme évoqué
précédemment, je suis un pur produit "de
la vieille école". Jusque-là, mon environnement
s'était construit autour d'un garde planche à
dessin format A0, avec équerres et règle parallèle,
critériums, gomme et stylos-encre... À présent
mon gros rouleau de claque, ma vieille boîte de Rotrings,
compas et autres accessoires me paraissent si soudainement si
désuets à côté d'un écran
développant ses NURBS... Désuets, certes, mais
pas obsolètes pour autant, car si demain je n'ai plus
d'ordinateur, je sais que mes plus belles courbes se sont d'abord
déployées sur ce simple rouleau de calque.
Parallèlement à la mise en place de la D.A.O.,
je procède aussi à la numérisation de tous
mes anciens dessins et modèles. Si les originaux resteront
toujours en bonne place dans mes précieuses archives,
il est évident qu'un disque dur prend moins de place
que ma grande armoire... Et que devrais-je dire en plus de l'éventualité
d'un serveur en ligne pour une sorte d'armoire virtuelle qui
me permettra un accès à ma nouvelle table à
dessin où que je me trouve ?...
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2013
- Mise en place du puçage NFC, présentation du modèle
"Señorita" : Parce que je reçois
régulièrement des appels au secours suite à
des vols de matériel, il me fallait proposer un moyen simple
et peu coûteux de marquage interne permettant d'identifier
un instrument, et éventuellement même une fois maquillé
! Les puces NFC offrent cette possibilité. Depuis début
2013, elles sont introduites lors de la fabrication et contiennent
un certain nombre d'information, véritable carte d'identité
de votre instrument. D'autres systèmes encore plus performants
sont actuellement en cours de tests.
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2013
(suite...) - Présentation du modèle "Señorita"
: Parallèlement aux autres travaux en cours, ce
printemps 2013 voit le lancement du projet "Señorita",
une guitare pensée d'abord comme une petite acoustique
qui n'offre une captation magnétique qu'en cerise sur le
gâteau, et non le contraire comme c'est plus souvent l'habitude.
La Señorita reprend une architecture très évidée
déjà éprouvée sur la Liberty, mais
encore plus poussée. Très proche du concept "Hollow",
elle ne s'en différencie que par des éclisses massives
qui lui assurent une bonne rigidité.
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2014
- Création d'une basse modulaire, la "Session Bass",
généralisation des architectures carbone : Projet
pharaonique si l'en est, l'étude de faisabilité
de cette basse modulaire a débuté en octobre 2014
à la demande d'un studio d'enregistrement du sud de la
France. La réalisation du premier prototype a été
suivi via plusieurs forums et a reçu plus de 50000 vues
entre décembre 2014 et mars 2015, date de la livraison
du premier instrument fini et opérationnel. La version
fretless, livrée trois mois plus tard en juin 2015 est
une des premières basse a avoir été équipée
d'un préampli correcteur "double médium"
semi-paramétrique débrayable par tranche. Grâce
à un potentiomètre spécialement conçu
cumulant le contrôle du gain, de la fréquence et
du bypass via "push-push", chaque contrôle peut
être géré indépendamment par l'utilisateur
avec la plus grande simplicité.
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"Session
Bass" et préampli double médium semi-paramétrique. |
2015
- Présentation du projet "Nautik" : Depuis
le virage numérique de 2012, les choses se sont malgré
tout faites progressivement. Lancer son crayon sur un papier claque
a très peu en commun avec une interpolation ou une courbe
par poignées... Même l'amplitude de zooming des bons
logiciels ne donne pas le rendu d'un dessin à l'échelle
1:1. Mais à contrario s'emparer d'une forme aussi virtuelle
soit-elle et la faire pivoter dans l'espace avec un simple geste
de souri a quelque chose de magique... presque réel !
Ainsi la Nautik marque un autre tournant en étant le premier
modèle et créé, dessiné à 100%
sur ordinateur. Mais plus qu'un simple dessin, c'est toute sa
conception qui en le résultat, y compris pour la gestion
des gabarits et autres outillages nécessaires à
sa fabrication !
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Fin
2015... Introduction des tiges de régalge en titane : (...)
Et tant d'autres projets à venir...
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Calendrier des anniversaires à venir...